Déblayer la carrière du moi parfait




Il n'est jamais trop tard pour déblayer et mettre au jour des fonctionnements archaïques...

 

A la base, il y avait un figement de ma part après une proposition commerciale.


Après 3 semaines de sensation que si "ça n’avance pas, c’est de ma faute", je me décide à en parler à ma boss lors d’une de nos réunions.

 

Et elle gribouille sur le paperborad des trucs que je ne comprends pas en m’expliquant des choses que je ne comprends pas trop non plus.

Et puis dans ses flèches, je comprends que la situation me fait "changer de posture". Je passe du "statut d’adulte" à un "statut d’enfant" qui ne va pas tarder à monter dans les tours parce qu’il n’est pas mis en action. 

 

Et puis dans ce schéma, elle m’explique que si on en est là de ce figement, c’est parce qu’elle se rend compte qu’elle n’a pas pris sa place de dirigeante dans la transaction, que je suis dans l’opérationnel et que je n’aurais pu dû avoir à m’occuper de la partie contractuelle et commerciale (c'est moi qui avait voulu aller jusqu'à proposer l'offre commerciale).

Elle m'indique donc qu'elle va prendre sa place, revenir vers le client pour avancer sur son projet. Ce qu'elle a fait en prenant contact avec lui quelques heures plus tard. Et moi, j'ai pu retourner dans mes créas, rassérénée. 

 

Quelques semaines plus tard après avoir réglé cette situation, chacun étant à sa place, même joueur rejoue une nouvelle partie ! 

Je sens qu’avec le même client, il y a quelque chose qui bloque. Je ne me sens pas en sécurité. Je lui demande des prérequis qu’il ne maitrise pas afin de pouvoir mettre en place le projet, et je sens qu’il s’énerve. 

De même que je suis borderline parce que cela m’empêche d’avancer, que je ne suis pas capable de lui expliquer pour qu’il puisse faire sa part, que ce que j’avais dit que je ferais, je ne peux pas le faire, que je crains qu’il s’énerve après moi. 

Je sens le figement de la peur cette fois arriver.


On prend un temps pour discuter de ce que je ressens avec ma boss et son questionnement m’amène à l’image de mon enfance et de cette petite fille parfaite que je voulais être pour éviter qu’on se fâche après moi. 

Je n’avais pas vu arriver du tout ce fonctionnement archaïque et traumatique. C'est une grosse claque dans ma tronche....

J’ai replongé 40 ans en arrière et je conscientise des modes de fonctionnement biaisés par ce que j’ai vécu : j’ai peur des dirigeants hommes, peur de leur égo mal placé et avec le recul je me rend compte que je n’ai attiré que des dirigeants-hommes qui sont venus appuyer sur ce point. Par adaptation, je me suis inconsciemment orientée vers des dirigeantes-femmes en lesquelles j’espérais probablement de la protection... mais que je n'ai pas trouvé bien sûr puisqu'elle ne devrait pas venir de l'extérieur cette sécurité, mais de moi-même. 

J’ai un « moi parfait » démesuré qui fait que je peux me mettre dans un état de "serpillère" si ce que je voulais faire n’est pas fait comme je le souhaite et si je ne respecte pas l’engagement que j’ai pris auprès de quelqu’un. Et les personnes qui ont cette lecture de moi appuient bien sur ma responsabilité à faire les choses correctement parce qu’"Estelle fait toujours les choses correctement" (quitte à y laisser ma santé bien entendu).

Et par conséquent, je trie maintenant sur le volet avec qui je veux travailler et ce n'est pas l'inverse qui se produit....de quoi faire péter un plomb à l'algorithme de Linkedin.

 

Je ne sais pas encore ce que je vais faire de toute cette nouvelle lecture qui soulève bien d’autres visions du paysage de ma carrière entre autre. 


Mais ce que je peux dire c’est que :

- pour les dirigeants et salariés : poser et visionner ensemble ce qui amène une problématique, c’est aider chacun à avancer,

- pour un dirigeant, accueillir ce qui est comme c’est, c’est mettre son salarié en sécurité émotionnelle et respecter son intégrité,

- constater ne pas avoir pris sa place et mettre en œuvre de la reprendre, ne fait pas de vous un incapable mais au contraire un humain qui réfléchit et est agile avec le contexte,

- soulever et régler des problématiques professionnelles, c’est permettre au salarié de se libérer pour être authentique y compris dans sa vie personnelle,

- pour les dirigeants, se faire superviser et travailler sur soi, c’est permettre de remettre de la profondeur  dans votre responsabilité


★☆★☆


Cet article, un peu différent des autres, n'est pas de l'étalage de vie. Il est la Vie. 

Ces chemins suivis et non suivis sont ce qui font qui je suis et comment j'évolue. "Toutes les situations bloquantes sont des apprentissages" m'a-t-on dit. J'ai toujours eu un doute et j'avoue préférer les esquiver même si j'ai déjà rencontrés plusieurs murs sur mon chemin. Après plusieurs douloureuses expérimentations, je pense finalement que cet adage est vrai...

Je comprends maintenant pourquoi j'ai plus travaillé avec des femmes que des hommes, pourquoi j'ai aussi été déçues par ces dirigeantes, pourquoi je ne veux plus retourner dans un système de salariat à 100%, pourquoi je trie sur le volet les personnes avec lesquelles je travaille, pourquoi j'ai envie d'accompagner d'autres humains qui auraient vécu des événements similaires à ceux que j'ai vécu (maladie, abnégation de soi, deuil, reconversion professionnelle...) et les aider à déblayer leur carrière.


 

 

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