Le monument de la culpabilité
C'est la rentrée et pourtant je ne rentre pas : au travail, dans les cases, dans une certaine vie....
Une des faces cachées de la maladie chronique est la culpabilité.
- se sentir coupable de ne pas être en forme,
- se sentir coupable de ne pas travailler,
- se sentir coupable d'être dans l'incapacité d'accompagner ses enfants,
- se sentir coupable de ne pouvoir assister à tel ou tel évènement,
- se sentir coupable de ne pas faire sa part sociétale,
- se sentir coupable de vivre aux crochets des indemnités journalières (à 50% parce qu'on est qu'à moitié, c'est bien connu), du revenu d'un conjoint, de l'aide de la famille,
- se sentir coupable d'activer des leviers pour pallier à notre incapacité : aide ménagère, prise en charge financière, aides sociales de secours...
Bien que j'entende et qu'on me répète que je ne suis pas responsable de ma maladie, que je ne suis pas responsable de mon état de forme ou de mon "incapacité à...", cela n'a pas empêché la culpabilité de planter ses fondations dès les premiers instants et faire son travail de nivellement dans chaque phase de positionnement :
- je ne suis pas en forme = "je ne vais pas le dire parce que je ne vais pas inquiéter les gens inutilement, ils ont leurs problèmes et y a certainement pire",
- je ne suis pas capable de = "allez remue toi quand même, c'est pas compliqué !"
- j'ai besoin de ceci ou de cela = "oui mais tu ne travailles pas donc tu attendras"
Cet envahissement culpabilisant, je peux même le retrouver dans chaque action que j'ai mené :
- faire prendre en charge des soins par un tiers en prouvant par A+B,
- monter un dossier d'aide sociale,
- me reposer pour être en forme, bien manger, bouger, respecter les horaires de prises des médicaments, surveiller les pieds, les mains, les dents, la peau, l'évolution du digestif...
Toujours ce filtre avec lequel composer, qui rend les choses ni blanches ni noires mais uniformément grises comme la pierre...
Et enfin se rendre compte que cette culpabilité peut être un moteur et permettre de se mettre en route pour :
- demander de l'aide parce que j'en ai besoin et que des personnes peuvent m'accompagner, voir même, me l'ont proposé,
- être franche envers moi-même puis envers les autres sur ce qui est comme c'est,
- être un chemin pour devenir alchimiste de la culpabilité qui se transforme en peur, en colère, en tristesse, en dégoût, en honte pour s'en libérer en traitant chaque strate qui la compose et démanteler l'édifice pour construire autrement,
Et puis au fur et à mesure, dans la couleur grise qui semblait uniforme, y trouver des nuances.
- ne pas voir ce compagnonnage avec la culpabilité,
- le déceler,
- puis le nier,
- être en colère de la vivre et composer avec sa charge mentale,
- être triste d'ajouter cette pierre à sa vie,
- se dire que c'est comme ça et laisser entrer un peu de tolérance envers soi-même,
- composer avec en l'utilisant pour se mettre en route,
- construire avec et autrement..
Et aussi accepter que ce même cycle puisse recommencer et construise d'autres monuments.
Commentaires
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Bonjour à toi ! Merci d'avoir pris le temps de partager un commentaire sur mon blog. Je prendrai le temps de le lire comme tu as pris le temps de l'écrire. Tu vois, nous sommes vraiment dans le donner-recevoir où chacun fait sa part...Grâce à ton action, les mots continuent à vivre, résonner, voyager à l'intérieur de toi et ça se voit à l'extérieur ! MERCI d'être toi !