4 millimètres

 

4 millimètres, 4 millimètres... 
On a beau dire que ce n'est pas la taille qui compte, 4 millimètres peuvent déjà te propulser dans un état... second...

4 millimètres, la taille de l'hypodensité sur mon foie segment VI vue au scanner dernier.

4 millimètres, qui "étant donné le contexte" m'amènent à faire une IRM et un Petscanner.

4 millimètres, c'est un violent retour en arrière et l'occasion de se rendre compte que si le cancer revenait, je ne serais pas prête (parce que oui !!! j'y ai déjà réfléchi à cette éventualité et je me disais qu'avec l'expérience je saurais ce que c'est qu'une chimio, une chirurgie, un suivi médical adéquat...la vie avec la maladie quoi !). 
Mais en fait NON ! Même s'il y avait une deuxième fois, même en ayant déjà vécu cela avant, je ne suis pas prête !

Et PIRE ! Ces 4 millimètres m'ont fait entrevoir la colère de la récidive, la haine de vivre encore cette expérience, l'abattement d'être dans un cercle dont on ne voit pas la sortie, l'énervement/l'agacement de ce qu'on a pu me dire en le faisant pour "me rassurer".
Finalement, tout cela n'était que du mental, l'émotion provoquée par la lecture de cette image de scanner n'ayant à peine duré que 4 millisecondes certainement...

Et par chance, ce n'était que du mental car en définitive, il y a bien une hypodensité de 4 millimètres sur mon foie droit segment VI, mais sans gravité et sans suite à y donner.

Ces 4 millimètres m'auront propulsée dans le monde des hôpitaux mais surtout dans le règne de la peur et de la terreur pendant une semaine et demi. Laps de temps court dans une vie mais tellement long quand on est dans l'attente. 
La maladie m'a fait basculer en une fraction de seconde du mode "acteur de ma vie" à "patient de ma vie". La brutalité du process déjoue toutes les carapaces, toutes les protections qu'on a pu mettre en place durant des mois, des années de travail sur moi-même. Peut-être qu'on revient plus vite du fond quand on a déjà quelques outils, mais il nous happe quand même et il nous consomme beaucoup d'énergie pour s'en extraire.

J'ai a quelques moments réussi à sortir de cette spirale vicieuse insidieuse pour revenir dans mon corps et dans mes sensations pour retrouver la foi en moi (un comble pour mon petit foie chéri), mais je n'ai pas constamment réussi. Ma balance a fortement oscillé de gauche à droite, de la légèreté à la lourdeur, entre l'extériorisation et l'intériorité, en trouvant occasionnellement un point d'équilibre dans la voie du milieu.

Dans cette période je me suis détestée d'être revenue dans d'anciens schémas qui j'en suis convaincue étaient en partie en cause dans la porte ouverte que j'ai laissé au cancer. 
Et j'ai détesté les Autres : je les ai détestés de ne pas comprendre ce que je vivais, de vouloir croire qu'il n'y avait rien, de m'envoyer des éléments tangibles qui pouvaient dire qu'il n'y avait rien. J'ai détesté leur sollicitude mielleuse. J'ai eu envie de leur hurler dessus "qu'ils ouvrent leurs yeux", "qu'ils me voient comme je suis", "qu'ils voient ma détresse" face à cette situation et "qu'ils se taisent" surtout pour juste m'accueillir comme je suis. Parce que NON, je ne suis pas forte ! Je construis avec la situation, j'essaye de mettre des choses en place, j'essaye d'être actrice mais ce n'est pas parce que j'arrive à prendre un ton détaché pour épargner les gens qui m'entourent que mon intérieur ne pleure pas, n'hurle pas. Me penser forte, c'est se rassurer soi-même mais ce n'est absolument pas me voir comme je suis !

Cette période a mis en lumière que je suis encore trop dépendante du contexte. Le chemin de l'indépendance émotionnelle et du libre-arbitre qui va avec est encore long et sinueux. Certainement qu'il me faudra plusieurs vies pour l'endurer et l'expérimenter.

Je retiendrai mes "mieux" pour ces périodes :

- j'ai su appeler "au secours" des personnes-ressources avec qui je peux être telle que je suis, qui m'écoutent simplement et me donnent des outils uniquement quand elles ont compris que j'étais en mesure de pouvoir les prendre en main (et qui ne me les donneront pas avant, de sorte que je ne me sente pas accablée du poids de la responsabilité de les utiliser). C'est une prouesse exceptionnelle pour moi d'avoir appeler "au secours". C'est une expérience hors du commun de moi-même.
-j'ai pu participer à des évènements en m'y donnant pleinement quand c'était "juste" (du terme "justesse" pour moi. Dans une autre vie, j'aurais croupi sous la couette pendant toute la période, laissant aller mon Dark Passenger (pour ceux qui connaissent l'astrologue Isabelle Cerf💖)
-j'ai pu me mettre à l'écart quand j'en ressentais le besoin,
-j'ai identifié qu'il m'est conseillé de déprogrammer la maladie de mon corps et de mon mental si je veux avancer (ok j'ai encore un suivi médical tous les trois mois, mais c'est un suivi. Au quotidien, il m'est maintenant nécessaire de m'extraire du prisme de la maladie).
-j'ai décelé les travers qui me ramènent à la maladie (les contraintes, ce que je n'ai pas envie de faire, la colère, la jalousie, le manque d'amour pour moi-même).

Surtout, j'ai pu lâcher que je n'arriverais pas à tout faire toute seule. Je suis enfin prête à l'accepter et à me faire aider.
Plus subtilement, j'ai compris que je n'irais plus vers des "thérapeutes à haute-fréquences" : ces gens qui vibrent haut, parlent deux octaves plus haut, sont tout sourire, un sourire plus haut bien sûr. 
Vous comprendrez que "haute-fréquence", employé ci-dessus, est ironique : dans ce cas, il s'agit surtout de poudre aux yeux et d'apparats. La vraie haute-fréquence est celle qui vient de l'intérieur, celle qui baigne les organes et qui se transmet par la simple présence de cet humain dans une pièce. Alors quand cet humain d'une  réelle haute-fréquence sait la canaliser et la transmettre, il apporte des outils simples et multifonctions, quelque fois avec un usage hors des codes pour celui qui les reçoit mais il est aussi un technicien hors pair tel un MacGyver avec son couteau-suisse.

J'ai besoin du commun des mortels, du mortel qui a fait de ses outils communs une aide à l'Autre. 

🔜Je vais préparer quelques articles sur des techniques et surtout des personnes extraordinaires qui peuvent aider par leur simplicité, leur altruiste et leur savoir-faire. 
Tu les retrouveras en indiquant "holistique" dans le moteur de recherche. Attention, "holistique" n'indique pas du tout qu'il s'agit de "charlatans", de "non-diplômés", de "médecins déchus" ! L'holistique, c'est la transmission d'un partage qui dépasse l'échelon matériel pour toucher l'énergie et prendre en charge l'humain dans toutes ses dimensions. 
On peut donc aussi retrouver des "médecins" côtoyant des "naturopathes", cotoyant des "sonothérapeutes", qui côtoient des "aromathérapeutes"... En somme des personnes qui transmettent avec le coeur, leur passion pour le métier qu'elles exercent et leur amour du Prochain.

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