La parabole de Milarépa
Milarépa est une grande figure du bouddhisme tibétain. Yogi renommé, il accède à cette stature sociale par l'expérimentation de toute une vie.
Milarépa a 7 ans lorsque son père décède, les laissant lui et sa mère aux mains de cousins qui n'étaient intéressés que par les terres et la propriété dont ils allaient hérités. Milapéra et sa mère subirent les tortures et humiliations de cette partie de la famille durant de nombreuses années. Plusieurs fois, la mère de Milarépa lui demanda de les venger en les tuant tous pour les maltraitances qu'ils leur font subir. Milarépa résiste à l'idée de vengeance jusqu'à ce que sa mère le menace de se suicider s'il n'agissait pas. Il apprend alors la magie noire et, avec elle, tue plusieurs membres de sa famille.
Conscient du mal qu'il a fait en se vengeant, il décide de se repentir et suit l'enseignement de grands maitres bouddhistes comme Röngtön et Marpa. Il connait des années de vie où il apprend l'austérité pour retrouver son moi profond, "sa chaleur intérieure" habillé d'une toge de coton et vivant dans une grotte en plein coeur de l'Himalaya.
Un jour alors qu'il était allé chercher du bois, de retour dans sa grotte, il y trouve plusieurs démons. Se rappelant l'enseignement qu'il a reçu, il se dit que les démons qu'il voit, sont la projection de ceux qui habitent son propre esprit. Il décide alors de leur faire un cours sur la vacuité, leur expliquant qu'ils ne sont rien, qu'ils sont vides et qu'ils ne sont qu'une projection. Les démons rigolent et font le cirque, se fichant de ses "belles leçons". Après plusieurs essais, il baisse pavillon se rendant compte que rien y fait pour qu'ils s'en aillent. Il s'assoit alors, résigné, et leur dit : "Puisque c'est ainsi, nous allons vivre ensemble alors....". Et soudain les démons s'en vont...
Sauf un...
Milarépa réfléchit, prêt à repartir dans les enseignements qu'il avait reçu et à refaire la leçon au démon récalcitrant. Celui-ci rigole et le regarde d'une manière provocatrice. Milarépa ne voit pas d'issue. Alors inclinant la tête pour la mettre à hauteur de la gueule du démon, il lui dit : "je ne vois pas comment te faire partir même en te disant que nous pourrons vivre ensemble. Alors peut être que de nous deux il ne doit en rester qu'un....mange moi alors" tout en avançant sa tête...
Et le démon disparait...
Cette parabole montre : qu'en abandonnant la lutte contre les obstacles, contre ce qu'on pense qu'on voudrait être, qu'il faudrait être, ce qu'il faudrait faire...les démons disparaissent.
Cesser la lutte et faire "un pas vers...", ce n'est pas abandonner. C'est accepter d'être vrai, d'être humain avec ses forces, ses faiblesses, ses pouvoirs et ses limites.
Il ne sert à rien de partir en guerre contre ses difficultés dans le but de les contrôler et de les éliminer. Il est important de vivre avec, de dire, de faire, avec son coeur, et avec entièreté.
Le pouvoir de l'entièreté envers soi, fait disparaitre les difficultés, les remet en mouvement, ouvre un champ de possibilités qu'on n'aurait pas eu si on avait cloisonné, si on avait pensé se débrouiller seul et savoir tout faire.
Avouer son humanité, c'est mettre en route tout un système autour de soi tel un engrenage qui permet d'être.
Combien d'entre nous se sont sentis mieux en partageant les soucis qu'ils ont ? Combien d'entre nous ont trouvé des solutions en s'avouant enfin que tout seul ils n'y arriveraient pas ? Combien d'entre nous ont trouvé une aide à partir du moment où ils ont été sincères et où ils ont arrêté de lutter contre ce qu'ils pensent être une faiblesse ?
Le parcours de toute une vie n'est pas d'accéder au zen, à la sérénité en toute épreuve et à être paisible. Le chemin de toute une vie, c'est d'être vrai dans ses émotions et de les vivre pleinement à chaque instant pour alimenter le flux de la vie.
Je vous souhaite d'avoir des démons et de leur laisser la part belle, ils sont là pour vous rappeler que vous êtes humains.
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