Nouvelle vie : l'aventure création d'entreprise

J'avais envie de raconter, aujourd'hui, mon entrée dans le monde Pôle Emploi et la création d'entreprise.  

J'ai eu un premier rendez-vous début février avec la conseillère qui me suivra. 

Exit tous les savoirs-être que sont chers à mon coeur : j'ai dû lire son nom sur sa session informatique pour savoir comment elle s'appelait faute de s'être présentée, elle m'a appelée par mon nom de jeune fille du coup j'ai fait une régression expresse de 20 ans, elle buvait son thé prostrée derrière sa tasse en se réchauffant les mains et par conséquent j'ai eu l'impression d'être chez elle mais sans y être invitée puisqu'on ne m'avait rien proposé à boire.

Ca aurait pu être plus intéressant si on n'avait pas passé trois quart d'heures à m'expliquer la recherche d'emploi et le référencement sur le site PE alors que j'arrivais vers elle avec le projet de création, et si on avait commencé par regarder mon CV et me demander qui je suis et ce vers quoi je veux aller...

Bref, l'entretien est passé du statut "d'insignifiant et désagréable" à "informationnel" au bout de 45 minutes sur une heure prévue avec deux pistes à explorer après qu'elle m'ait "vendue" les avantages de la RQTH (Reconnaissance de Travailleur Handicapé orientation marché du travail) ainsi qu'une information à me diriger vers un organisme qui aide à la création d'entreprise. 

Rien à redire sur ses conseils mais j'ai mis 15 jours à digérer qu'on puisse m'inciter à faire une demande de RQTH : depuis le début du cancer, j'ai toujours fait pour ne pas être handicapée, pour retrouver une vie la plus normale possible...même si en mettant en avant cette possibilité de RQTH, je me rends aussi à l'évidence, des séquelles qu'a engendré la maladie. Rien ne sera comment avant et ce sur quoi je peux influer est de mettre en place des choses par des moyens détournés pour être le plus en accord avec mes valeurs actuelles et que cette épreuve de la vie me serve.  Quitter mon emploi en faisait partie, demander une RQTH en devient une partie.

Le monde Pôle Emploi est loin d'être simple : beaucoup d'informations partout sur le site qui renvoient à plein de sigles, de concepts, de tests, de contacts....trop d'information tue l'information.

Bref en cherchant sur les calendriers d'évènements d'information, je me suis inscrite à une réunion des "mercredi de l'entreprise" où les thèmes abordés étaient l'étude de marché, la stratégie commerciale et les outils de communication. Réunion animée par deux organismes de support à la création/reprise d'entreprise, nous étions entre 20 et 30 participants. Dingue....j'étais loin d'imaginer qu'on puisse être autant à réfléchir à un projet de création/reprise d'entreprise. 

La typologie est très large : des soixantenaires, des quarantenaires, et des vingtenaires. Autant de femmes que d'hommes, preuve que dans le monde de l'entrepreneuriat la parité se fait naturellement. Les secteurs d'activité étaient aussi très larges avec : entreprises de services aux particuliers ou aux professionnels, restauration, reprise de fond de commerce, maitrise d'ouvrage. Nous étions deux sur le champ du développement personnel mais mon homologue était plutôt orientée sur le digital et l'éveil à la spiritualité. Différent de mon secteur de prédilection...

En prenant du recul, diverses questions se sont posées à moi : Combien de vies ont eu ces personnes pour en arriver à ce projet ? Qu'est-ce qui les anime ? Pourquoi ce domaine choisi et pas un autre ? Combien de nous arriveront à la création de notre entreprise ? Combien de nous arriveront à sortir un salaire de notre entreprise ? Combien de nous vieilliront avec notre entreprise et pourront la transmettre à leurs enfants ?

Et à ces questions se sont ajoutées : Qu'est-ce que je fais là ? Est-ce que j'ai ma place dans le monde de l'entrepreneuriat ? Quelle légitimité ai-je ? Qui suis-je pour penser que mon projet vaut le coup d'en créer une entreprise alors que d'autres ont peut-être le même, sont peut-être même plus doués que moi et pourtant ne créent pas ? Qui suis-je par rapport à tous ces entrepreneurs qui créent depuis de nombreuses années, montent, démontent et vendent des boites comme j'irais acheter des petits pains à la boulangerie du coin ?

Quand Manque de confiance, Manque de légitimité et Jalousie frappent à la porte et que tu pensais bien avoir mis de côté ce trio infernal... Mais voilà elles étaient de côté tant que je n'étais pas dans un champ d'action qui les mobilise et ce que je vis là est totalement différent de mon ordinaire. 

Je sors de ma zone de confort et j'entre dans ma zone de turbulences. Je suis sortie de mon canapé inconfortable et de son adaptation avec des coussins (métaphore du canapé : ici) pour me triturer l'esprit à en trouver un autre dans la jungle des vendeurs de meubles et trouver celui qui changera toute la destination, toute la vision de mon salon. 

Je suis en train de créer ma pépite : pas celle du voisin, pas celle du pote, la mienne, celle qui est à l'intérieur de moi. Elle sortira de mes tripes, elle me demandera à piocher au plus profond de moi et à régler des blessures, lever les lignées de mes ascendants qui n'ont pas fait ce qu'ils voulaient dans leur vie. Mon aventure est le pivot de toute une réorganisation familiale horizontale (mes proches directs) et verticale (mes lignées descendantes et ascendantes). Je porte en moi, à travers ce projet, tous mes créateurs, tous ceux qui m'ont façonné comme je vais façonner ma création d'entreprise.

On a commencé à poser les jalons et je sais que : on va rire, on va s'énerver, on va se bousculer, on va se challenger, on va partager, on va s'énerver, on va pleurer, on va trancher, on va recommencer, on va avancer, on va se réorienter, et on va changer...et s'élever encore et encore. 

On va vivre une nouvelle vie, une nouvelle aventure et je pose de lui donner la consistance des valeurs qui m'animent : sincérité, partage, écoute attentive, réflexion, sens des responsabilités, force de proposition, passion, discernement.

"N'allez pas où conduit la route, mais ouvrez plutôt une route là où il n'y a pas de chemin" (Confucius)