Les lendemains




Les lendemains, Mélissa Da Costa, Le Livre de Poche, 2020



Amande se réfugie dans une petite maison qu'elle loue en Auvergne. Une petite maison dans son jus : avec du papier peint défraîchi, des meubles en bois sombres et imposants, et les restes de vie de l'ancienne propriétaire qui trainent dans les placards.

Amande vit le drame d'une vie : perdre celui qu'elle aime alors qu'elle est enceinte de leur enfant...et perdre leur enfant sous le coup de la douleur du choc émotionnel. 
Elle perd pied, quitte son travail, sous-loue leur appartement, s'éloigne de la famille, emménage dans la petite maison, s'enferme nuit et jour derrière les murs et volets de la demeure auvergnate pour ne pas voir la vie dehors.
Et puis elle trouve des calendriers dans les placards et aussi lors du passage de la fille de l'ancienne propriétaire qui vient débarrasser le grenier de la maison de quelques effets familiaux ainsi que d'un carton plein d'agendas et de calendriers.

Les calendriers sont pleins de listes de choses à faire selon les jours et les saisons pour entretenir le jardin qui vit derrière les volets fermés, et transformer les produits maraîchers.
... Et la bascule vers le retour à la vie se met à l'oeuvre : "Elle s'est mise à faire des listes pour ne pas se laisser aller" expliquera Julie à Amande pour traduire les écrits qui fleurissent dans les calendriers de Madame Hugues.
Aux listes et à leur décryptage va s'ajouter le remplissage de feuilles blanches avec des verbes d'action : "laisser entrer", "célébrer", "partager"...

"On n'a pas besoin d'un Dieu pour rétablir une part de sacré dans son existence"

Amande va mettre en place ses rituels, ses listes, ses mains dans le jardin pour reconstruire le sien intérieur après le "roundup" du deuil et s'affranchir des contingences de la vie en société tout en apprenant à accepter l'impermanence du monde. Et finalement ces verbes d'action composeront son futur métier.

"Si un grain de blé n'était pas impermanent, il ne pourrait se transformer en tige de blé, et si la tige de blé n'était pas impermanente, elle ne pourrait donner l'épi que nous mangeons " Thich Nhat Hanh


★☆★☆

Ce roman m'a renvoyé de plein fouet ma vie. Je n'ai pas vécu le deuil de l'être aimé mais je vis le deuil de mon corps et de ma vie d'avant. 
Même si on a conscience que rien est parfait, il n'empêche qu'il faut laisser entrer le changement, célébrer les victoires, et partager pour participer au mouvement de la vie.
Peut-être que comme Amande j'arriverai à faire de ces verbes d'action les composantes de mon futur métier. 
En tout cas, j'ai posé ces actions comme base de ma vie présente.

Par ailleurs, les listes et annotations "pour ne pas se laisser aller" est une des méthodes en lesquelles je crois fortement. C'est avec elles que je fonctionne et que j'avance : ne pas se fixer d'objectifs avec des listes trop longues pour ne pas se mettre la pression, mais se donner la liberté de poser ses pensées pour les transformer en actions et célébrer chaque point de la liste qui a été fait pour laisser entrer le changement et l'avancement. C'est une de mes méthodes d'accompagnement que j'applique à moi-même dans mon quotidien parce que partager de manière juste, c'est justement avoir expérimenté.


Commentaires

  1. Oh il faut que je me le procure celui ci 😉

    RépondreSupprimer
  2. J'ai lu ce livre, j'ai beaucoup aimé l'histoire et j'y pense souvent...il donne des clés et de l'espoir !

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Bonjour à toi ! Merci d'avoir pris le temps de partager un commentaire sur mon blog. Je prendrai le temps de le lire comme tu as pris le temps de l'écrire. Tu vois, nous sommes vraiment dans le donner-recevoir où chacun fait sa part...Grâce à ton action, les mots continuent à vivre, résonner, voyager à l'intérieur de toi et ça se voit à l'extérieur ! MERCI d'être toi !

Posts les plus consultés de ce blog

Sans [re]père[s]

Papa...

Explorer les coins de la boucle