Le figement du trauma : la petite souris et le chat



    Cela fait longtemps que je n'ai pas écrit. J'ai d'abord pensé que c'était parce que j'étais fatiguée des chimios, puis que je manquais de temps de par la vie quotidienne, le travail, la famille, les examens médicaux, l'adaptation, la reconversion, les limites non posées. J'ai du travail à faire sur l'apprentissage du "non", et j'y mets de l'énergie (quand on n'a jamais su faire, qu'on n'est pas née équipée : c'est le travail d'une vie...), mais là n'était pas la clé de ma non-écriture, de ce figement.

Parce qu'on parle bien de figement, ici, de la résultante d'un traumatisme.

J'ai mis du temps à arriver à cette conclusion ou plutôt à cette ouverture car comprendre est pour moi le début d'une solution. 
Et puis il n'y a pas longtemps, j'ai écouté le podcast Dialogues de Fabrice Midal où Michel Schittecatte, médecin psychiatre et psychothérapeute spécialiste du traumatisme était interviewé.

Commençons par la définition du traumatisme : le traumatisme est un "figement qui dure au-delà de la période nécessaire". Le figement est une réaction naturelle au stress à une période donnée, et ce qui est intéressant, c'est que dans le traumatisme, ce figement dure dans le temps avec une perte d'orientation et de temps. Quand on s'y plonge, qu'un détail nous le rappelle, qu'on se connecte à lui, il nous coupe de la vie actuelle (temporellement et spatialement). Le plus fou est qu'on a pleinement conscience qu'on se coupe de tout cela !

Alors pourquoi quelques jours après comme 20 ans après, pouvons-nous continuer à vivre ce décrochage spatio-temporel pour une épreuve pourtant passée ? Parce qu'on y apporte une réponse cognitive alors que le figement est physiologique d'ordre sensori-moteur. On n'est donc pas sur le même plan.

Je t'explique : imagine une petite souris face à un chat. Elle a deux possibilités pour se sortir de cette situation : attaquer le chat ou se figer sur place (se disant qu'ainsi le chat va oublier qu'elle est là). Elle n'est clairement pas équipée pour attaquer son adversaire, instinctivement elle va donc se figer.
La petite souris aura à chaque fois la même action instinctive parce que quoi qu'il arrive, il est inscrit dans ses gènes qu'elle n'est pas en capacité d'attaquer le chat.

Pour l'Humain, c'est différent. On a plusieurs possibilités, on est capable de plusieurs actes différents pour résoudre une même situation. Or dans le cas du trauma, l'épreuve est tellement "énorme", tellement inattendue qu'elle fait voler en éclats toutes nos capacités et nous amène à un état de stupeur, de figement. Elle crée un tel bouleversement antinomique à la nature humaine (je rappelle que l'humain est fait pour bouger !) qu'elle fait "disjoncter" nos 3 cerveaux (sensori-moteur, émotionnel et cognitif). 

"La guérison du traumatisme passe par l'achèvement de la réponse inachevée" et pour y arriver, il faut réunir 3 conditions :

- se sentir dans un milieu sécuritaire,

- revenir à la conscience du corps,

- être dans un environnement qui favorise le lien social

Ces 3 conditions réunies couplée à des thérapies agissant sur les 3 cerveaux leurs permettront de retrouver un fonctionnement harmonieux reconnectant à l'élan vital responsable du défigement.

Je sais par quoi on passe, les questions qu'on se pose, les sensations qu'on peut avoir, l'abattement fluctuant, la stupeur, la déferlante de douleur, quelque fois le regain d'énergie qui dure le temps d'une étincelle. 

La méditation est un des outils pour lequel je suis formée et que j'utilise sur moi pour mettre du mouvement dans mes figements. En connaitre les bases est une possibilité d'autonomie pour s'aider.

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Je travaille à la mise en place de créneaux d'accompagnement en évolution personnelle et professionnelle, ainsi que de créneaux collectifs de méditation. Lorsque j'estimerai que toutes les conditions sont réunies pour t'accompagner de la meilleure des manières, je te communiquerai les informations ici 💖


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