Justice/Justesse

 



Il m'est arrivé plusieurs fois de parler avec un interlocuteur qui au lieu d'entendre le mot "justesse" que j'employais, comprenait "justice" à la place. Par curiosité, à chaque fois j'ai laissé mon compagnon de dialogue continuer afin de voir où ce changement de mot pouvait nous emmener.
Au final, laisser aller le mot "justice" à la place de "justesse" change totalement le sens de la conversation.

D'abord, j'ai pensé que si on entendait "justice" et non "justesse", c'est que j'avais un problème d'élocution.
Puis je me suis rendue compte que c'était finalement constamment le terme "justice" qui remplaçait "justesse".
Je pense que dans le langage courant on utilise plus fréquemment "justice" que "justesse" ce qui fait que par défaut on l'entend plus facilement.
Il y a aussi à éclaircir ce qui se cache derrière ces deux termes pour qu'on pense qu'on peut les utiliser comme synonymes sans vergogne.

La "justice", d'abord, est selon le Robert® : "la juste appréciation, reconnaissance et respect des droits et du mérite de chacun". Elle est "un principe moral de conformité au droit". On y lit donc que la justice est une propriété qui a trait au domaine juridique, à des lois édictées qui décident ce qui est du domaine de la "justice" ou par opposition de "injustice".
Ses synonymes sont la droiture, l'équité, l'impartialité, l'intégrité.

La "justesse", ensuite, est selon le Robert® : "une qualité qui rend une chose parfaitement, exactement adaptée" ou encore une "qualité qui permet d'exécuter très exactement une chose ; manière dont on l'exécute sans erreur". Son synonyme est la précision.

La différence est donc conséquente entre les deux termes : le premier est induit de manière extrinsèque, par des individus reconnus qui décident de ce qui est légal ou non, le second est une "qualité". Dans "qualité", on lira le renvoi à l'individu, à ce qui intrinsèquement le caractérise.
Extrinsèque/intrinsèque : ce qui est hors de nous / ce qui est à l'intérieur de nous.

Quand j'utilise le terme "justesse", c'est parce qu'il contient toutes ces notions et c'est pour cela que je n'utilise pas le terme "justice".
J'aime à ce que l'individu utilise et développe son gouvernail, sa boussole, son guide intérieur. J'aime quand il trouve ce qui est profondément bon pour lui, ce qu'il aime et ce qui le fait vibrer.
La justesse de chacun s'accorde très bien avec le collectif. La justesse n'est pas un acte égoïste : quand un individu fait, dit, vit avec "justesse", tout autour s'ajuste car c'est une énergie de bienveillance et d'amour qui émane de l'intérieur des cellules.

La justesse est impalpable, indéfinissable et pourtant on la ressent à l'intérieur de nous quand tout s'aligne
Elle demande au préalable de trouver le chemin de soi en se questionnant, en s'apprivoisant et en faisant fi de ce que le contexte (environnement et personnes) peut nous renvoyer.


Retrouve une discussion très éloquente de la Société de Lecture où la cheffe étoilée Anne-Sophie Pic et le philosophe Fabrice Midal s'expriment sur la notion de "justesse" La justesse (page Instagram de la Société de Lecture).

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